Lajja (La honte)

Taslima Nasreen

Le Livre de Poche, 1994




En décembre 1992, des extrémistes hindous détruisent une mosquée en Inde prétextant qu'elle est située sur le lieu de naissance d'une de leurs divinités. Dans les semaines qui suivent, la riposte des fondamentalistes musulmans est d'une violence inouïe, aussi bien en Inde que dans le Bangladesh: massacres, viols, pillages d'habitations, destruction de temples hindous. Taslima Nasreen propose un roman reportage vu du coté du Bangladesh, par le regard d'une famille profondément attachée aux idéaux de laïcité et d'humanisme. Mais l'idéal ne paie pas. Le crime est, par contre, beaucoup plus rémunérateur pour les musulmans dont les agissements sont détaillés dans toute leur horreur. Des exactions qui profitent d'une réelle impunité dans un pays gouverné par les islamistes, le Bangladesh comporte 87% de musulmans et 13% d'hindous. Cette résurgence des guerres de religions fait suite à des évènements similaires survenus deux ans auparavant. Et comme en 1990, les hindous voient dans l'exode vers l'Inde leur seul salut, leur proportion dans le pays diminuant régulièrement depuis cinquante ans. Lajja raconte le désespoir, la faillite d'un pays qui, après avoir acquis son indépendance en 1971 en se libérant du Pakistan musulman, s'est vu, peu à peu, à partir de 1975, gangrené par les islamistes. C'est aussi une illustration de l'impossibilité de l'entente inter-religieuse si souvent utilisée comme argument pour contrer la laïcité. Lajja fut condamné par les extrémistes musulmans comme blasphématoire et Taslima Nasreen fut contrainte à l'exil en Suède suite à la fatwa (condamnation à mort) prononcée contre elle. Il faut saluer cette œuvre comme un monument de courage, défiant la mort et le sectarisme religieux. Un cri, un appel désespéré à se libérer des religions, toujours sources de ruptures et d'oppression.


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