La République et l'islam

entre crainte et aveuglement

Jeanne-Hélène Kaltenbach et Michèle Tribalat

Gallimard 2002



Dans cet ouvrage très courageux, les deux auteures opèrent une mise au point nécessaire contre la mollesse, l'apathie et les compromissions des élus, intellectuels et militants associatifs coupables de cécité vis-à-vis de l'islam en France. Les deux auteures dénoncent les revendications antilaïques toujours plus inacceptables émises par les responsables musulmans qu'ils soient imams, présidents d'associations, conférenciers ou autres, au fur et à mesure que des concessions leur sont faites.

La liste de leurs prétentions est accablante mais aucun personnage politique ne daigne affronter cette réalité, plus soucieux de plaire que de rappeler son électorat aux valeurs fondamentales de la laïcité et de la République:

    - mosquées qui constituent autant de terreaux islamistes
    - rétribution des femmes qui portent le voile
    - interdits alimentaires de plus en plus envahissants dans les cantines des écoles et des administrations (c'est ainsi que des goûters ont été interdits dans les écoles primaires de l'agglomération lyonnaise car les biscuits contenaient des graisses animales!)
    - impossibilité d'effectuer certains cours dans les collèges et lycées (Voltaire, biologie, éducation physique...)
    - surenchères dans le port du voile
    - séparation entre les musulmans et les "impurs" dans les cimetières
    - rejet des non-musulmans car symbole de la "perversion" de l'Occident

Autant de signes d'intolérance que fustigent les auteures.

Sachant que le nombre de musulmans est aussi très surestimé (les sondages d'instituts privés ont rarement une validité scientifique), Kaltenbach et Tribalat contestent la Consultation des musulmans entreprise par Chevènement, et poursuivie par Vaillant et Sarkozy, comme une entrave supplémentaire à la laïcité. Il n'entre pas dans le rôle de l'État de régir une religion. Cette ingérence de l'État bénéficie aux fondamentalistes qui se voient désormais accorder une audience nationale.

Les auteures remarquent judicieusement que la distinction entre sectes et religions est arbitraire et que la laïcité devrait s'appliquer à toutes les associations d'ordre cultuel. Et pour aller plus loin, elles suggèrent que les avantages fiscaux dont bénéficient les cultes soient étendus à toutes les associations, cultuelles ou pas, quitte à les réduire.

Il est grand temps que les athées et les laïques se réveillent et réalisent enfin que la laïcité concerne TOUTES les religions. Les deux auteures ne manquent pas de clouer au pilori la Ligue de l'Enseignement qui, dans les années 1990, a véritablement trahi la laïcité en accédant aux revendications communautaristes des musulmans rencontrés. Ne surtout pas leur déplaire fut le mot d'ordre de toute une classe de militants que la peur de l'accusation de racisme a précipité dans la servilité la plus manifeste vis-à-vis d'associations ou d'individus en opposition complète avec les valeurs fondatrices de la République laïque.

Au nombre de ceux-ci, les auteures citent abondamment l'UOIF, Amar Lasfar, recteur de la mosquée de Lille, et surtout les frères Tariq et Hani Ramadan, citoyens suisses et petits-fils du fondateur des Frères Musulmans, un mouvement fondamentaliste apparu en Egypte dans les années 1920. Si le discours de Tariq Ramadan feint d'adhérer aux valeurs élémentaires des démocraties pour mieux promouvoir le communautarisme, son frère atteste par ses écrits et ses conférences de l'islam le plus rétrograde et intolérant. Donc une conception à rejeter, ce que ne font pas les médias et élus aveugles, trop heureux d'accueillir dans leurs colonnes ou dans leurs murs des musulmans disposés à discuter. Mais une discussion peut n'être pas forcément un dialogue constructif...

Le livre de Jeanne-Hélène Kaltenbach et Michèle Tribalat est donc un ouvrage excellent et nécessaire à lire absolument.

26 décembre 2002

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